Lorsque l’on demande à Marie Bélanger, productrice de bleuets sauvages dans le village d’Albanel au Lac-Saint-Jean, ce qui l’a poussée à choisir ce métier, sa réponse étonne : « L’amour des animaux. »
« J’étais infirmière, et je rêvais de me rapprocher davantage de la terre et de la nature, raconte-t-elle. Quand j’ai rencontré Jonathan, qui allait bientôt devenir mon partenaire de vie, il m’a parlé de son désir de travailler avec des vaches. Cela résonnait profondément en moi puisque j’ai toujours été une amoureuse des animaux. Mais en réalisant les coûts associés à une production laitière, nous avons pris du recul. » C’est alors qu’une opportunité s’est présentée : un lot de bleuets sauvages à vendre. Forts de leur expérience familiale dans des bleuetières, ils décident de faire le grand saut.
« On m’avait dit que la gestion des champs de bleuets sauvages était très facile. Mais en me plongeant dans les besoins en équipements, en financement, en outils de gestion et de comptabilité, sans oublier les questions botaniques, j’ai vite compris que ce serait plus complexe que prévu. Mais rien n’était au-dessus de mes capacités ! »
Aujourd’hui, avec trois parcelles de terre, soit 120 acres cultivables, leur routine de travail est bien rodée. Parents de deux enfants, ils n’hésitent pas à les faire participer à certaines tâches. « Comme notre production est à 80 % biologique, nous devons arracher beaucoup de mauvaises herbes à la main. Les enfants mettent aussi la main à la pâte avec plaisir. Le plus jeune, qui n’a que 8 ans, participe même à sa façon à la récolte, qui se fait tard en soirée ou durant la nuit. Nous lui avons aménagé un petit coin pour dormir dans le tracteur. Il refuse parfois de passer la nuit dans son lit durant cette période! La relève serait-elle assurée? »
En tant que fière productrice de bleuets sauvages, Marie aborde son rôle en se montrant généreuse et leader inspirante, tout en assurant la cohésion familiale dans le tourbillon du quotidien. « Jonathan et moi avons gardé un emploi à temps partiel en plus de la production de bleuets sauvages. Avec les enfants, l’école et les obligations familiales, il serait facile de perdre pied. Je veille à ce que tout soit organisé et se déroule comme prévu. Lorsqu’il est temps de parler affaires avec Jonathan, je lui rappelle qu’il est nécessaire d’avoir ce que j’appelle affectueusement « une réunion d’actionnaires ». Et j’insiste pour que nous assistions chaque année à plusieurs spectacles d’humour en ville, car il est essentiel pour nous de décrocher et prendre le temps de rire. »
Marie insiste pour souligner que, aujourd’hui, elle ne manque de rien. Et pour le prouver, ils ont même une fermette sur leur terre. Avec des animaux, bien sûr !
Ce portrait d’agricultrice vous est présenté par l’Association des producteurs de bleuets sauvages de l’Amérique du Nord, mars 2025.